
Flashback
L’Impératrice allait finalement donner moins d’importance à des annonces parfois prophétiques et depuis devenues obsolètes qu’à des flashbacks intenses restés tout à fait inédits, à l’aube de leur première décennie…
L’Impératrice allait finalement donner moins d’importance à des annonces parfois prophétiques et depuis devenues obsolètes qu’à des flashbacks intenses restés tout à fait inédits, à l’aube de leur première décennie…
Depuis son premier succès, GOOSE a toujours fait d’un nouvel enregistrement un point de départ, parfois de repère, jamais de retour. Pendant vingt ans, l’itinéraire discographique du quatuor électro-rock ainsi que le parcours plus personnel accompli par chacun de ses membres ont donc mis le groupe en mouvement dans un perpétuel (re)commencement.
Mais “Endless”, la dernière composition de GOOSE, poursuit une autre fin dans sa démarche même.
Cette fois, leurs expériences – aussi bien les connaissances acquises que l’étude des premiers pas – et les divers cheminements – de la caresse à la perfection d’un projet (album, carrière, relation) – dirigent le désir et le processus créateurs de Mickael Karkousse, David Martijn, Bert Libeert et Tom Coghe. Pareil à des notes de voyage, “Endless” témoigne de l’étendue de talents regroupés, de leur quartier général artistique à Courtrai, en Belgique, au légendaire Motorbass Studio du 18e arrondissement de Paris.
GOOSE, dont la destinée paraît désormais impossible à interrompre, aurait-il signé une œuvre majeure, à la jeunesse éternelle ?
En musique, l’échappée est une note mélodique, étrangère à l’accord qui la précède et la supporte mais entrant dans la composition de celui qui suit. Une sorte d’anticipation, donc, inhérente à la grammaire des sons de Gaspard Augé, plus qu’une dissonance itinérante, passagère, dans l’harmonie et l’œuvre de Justice.
Avec son premier album solo, le bien nommé Escapades, il jette aux oubliettes l’ensemble des règles et principes qui standardisent son art, s’évade et s’imagine un avenir parallèle au célèbre duo électro.
Sans unité ni limite de temps, depuis ses premiers pas au synthé jusqu’au grand saut allégorique vers son « indépendance », à travers les avatars d’une époque médiévale et les fabliaux d’une aventure spatiale, Gaspard Augé est revenu sur un parcours sans faute et mettre finalement Discotexte au diapason de son équipée inédite…
LAAKE est une antithèse. Ce rapprochement de deux idées opposées qui prennent ainsi plus de relief, Raphaël Beau en a fait la définition et toute la perspective de son projet, la signification même de son album électro-orchestral.
Sorti et largement diffusé pendant la première interdiction de déplacement des Français, “O” est une lettre ouverte aux grands espaces comme au for intérieur, sa déclaration à la musique (avec majuscule) qu’on écoute en silence, fasciné.
L’artiste, qui s’était jadis jeté dans le maar – ce cratère rempli d’eau – en autodidacte volcanique et pianiste aimant, a peut-être signé là l’œuvre la plus attractive d’une année dont on cherche déjà à repousser le mauvais souvenir. Qui oserait dire le contraire ? LAAKE n’a pas son pareil.
Alice Botté vit aujourd’hui un conte de fées. À moins qu’il n’ait fini par s’échapper de ce récit merveilleux où il jouait depuis trop longtemps les seconds couteaux ? Le guitariste du tout-paysage français indépendant, qui dévore encore les scènes comme un ogre, a publié un premier album dont le titre, “.1”, appelle déjà la série.
L’artiste s’y raconte, s’aventure avec des créatures pas seulement imaginaires et rature sa propre légende dont on pourrait pourtant faire un livre, met en lumière, aussi, sur une musique sombre, bruitiste et minimaliste, une intimité que l’on ne lui connaissait pas. Mais contrairement au lapin blanc pris dans les feux des projecteurs, Alice Botté s’expose là – à découvert, dans ses titres – et s’observe ici – à découvrir, dans cet article – sans peur aucune. Et brûle d’être reconnu pour celui qu’il est vraiment.
Romain Turzi contrôle décidément la boucle, qui compose son identité de musicien : quand elle fait corps avec le rythme hypnotique, les notes répétitives du krautrock de TURZI, ou quand elle arbore des instruments synthétiques pour d’autres nappes et tempos ad hoc dans TURZI ÉLECTRONIQUE EXPÉRIENCE. Infini paradoxe pour un artiste qui abhorre la répétition dans sa démarche créative : “La reproduction m’ennuie. Je lui préfère l’expérimentation.”
Romain Turzi s’applique depuis longtemps à ne maîtriser que le présent d’une prestation et n’aime pas l’anticipation dans ses projets. Pourtant, dans le déroulement de son entretien avec Discotexte, il s’est laissé happer par une autre boucle, presque temporelle, plus personnelle : en dévoilant vouloir clore (encore) un cycle TURZI, Romain a pris conscience que la musique pouvait “être à nouveau tout ce qu’elle représentait avant”, comme à ses débuts.
Et si, finalement : “Tout recommence, ou presque, rue Biot”…