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MILES DAVIS
HOMMAGE

Contretemps

Se doit-on fatalement de parler au passé d’un compositeur qui s’est tu il y a dix ans déjà ? Ses œuvres restent présentes : écoutées et entendues, interprétées et commentées, diffusées et possédées, elles sont et font vivre leur auteur. Et l’artiste, parce qu’il a éternellement été en avance sur son temps, n’a pas encore fait le sien.
Hommage à Miles Davis.

25 mai 1926. Miles Dewey Davis voit le jour. C’est à l’âge de 13 ans, pourtant, lorsque son père lui offre une trompette pour son anniversaire, que naît Le « Miles ». Après s’être produit dans les bars de St-Louis (Missouri), il part, les week-ends et à l’extérieur de la ville, en quête d’un autre public avec les jam-sessions et le rythm & blues des groupes locaux. En 1944, le big band de Billy Eckstine est de passage à St-Louis : Miles est invité à s’ajouter à la section des cuivres, auprès des trompettiste « Dizzy » Gillespie et saxophoniste Charlie Parker, annonciateurs d’un nouveau mode de jazz, le be-bop.

Miles quitte dans la même année le mid-west américain et s’inscrit à la Juilliard School of Music de New York. Sur place, il retrouve Parker, lequel lui sert un copieux rythme de vie : la nuit, Miles se nourrit de chacune des prestations de son idole ; le jour, Davis dévore les partitions et les exercices. Et, plus vite que la musique, Miles devient professionnel ; avec les meilleurs accompagnateurs et orchestrateurs, de tournées concertées en tournants concertants – dont l’ultime avant-goût de son influent avènement, Birth of the Cool –, l’instrumentiste excelle.

Et comme le titre du disque Miles Ahead (« Miles en avance ») le pré(-)cautionne dès 1957, Miles est même un précurseur, toujours à l’avant-scène du jazz moderne. Il improvise ainsi une BO – celle d’Ascenceur pour l’échafaud (film français de Louis Malle). Élabore aussi son apogée – grâce au record de ventes de Kind of Blue. Courtise toujours toutes les innovations, tant dans son style (déjà, à l’époque des variations habillées de dynamisme, Miles avait préféré un jeu dénudé sur Birth of the Cool) que dans les modes (introduction du « jazz modal » sur Kind of Blue, union à la world music avec Sketches of Spain, fusion du jazz et du rock sur Miles in the Sky, intromission dans le rap, le hip hop avec Doo-Bop, l’album posthume). Embrasse enfin foules de récompenses – parmi lesquelles son premier disque d’or et troisième Grammy Award pour Bitches Brew

À la fois inventeur et profiteur de courants d’ères (airs) musicales (-aux), et aussi haut qu’il a élevé sa trompette dans les aigus, Miles s’envole.

Et puis, il y a longtemps, il a fermé les cieux. Si le 28 septembre dernier ne nous avait pas rappelé les 10e et 50e anniversaires respectifs de sa mort et de sa brillante carrière, il aurait soufflé les bougies de ses 75 ans et certainement une fois encore dans l’embouchure de son étincelant instrument. Mais Miles Davis s’est éteint… Trop tôt !

Mickaël Pagano

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