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WARNER BROS.
85 ANS (1923-2008)

Initials WB

La Warner Bros célèbre ses 85 ans en éditant un prestigieux coffret de 85 DVD. Une occasion rare de posséder l’histoire du cinéma à travers celle d’un studio qui a produit le premier film parlant et le dernier Batman, mais aussi les grands classiques hollywoodiens et certains chefs-d’œuvre d’ici (La Nuit américaine, de François Truffaut, 1973) et d’ailleurs (Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, 1966).

Harry, Albert, Jack et Sam. Quatre frères dont seul le nom de famille et l’œuvre sont passés à la postérité. En 1923, ils créent Warner Bros. Inc., un studio de cinéma qui réunit leurs talents de producteurs et distributeurs, et se gardent de n’être jamais aux abois en lançant la saga Rin Tin Tin (26 films) l’année suivante. Les Warner prennent pourtant un risque financier dès 1926, investissant dans la technique : tandis que leurs confrères misent sur la pérennité du muet, ils s’assurent l’exclusivité du procédé d’enregistrement de Western Electric et fondent Vitaphone Corporation, du nom d’un procédé sonore qui mettra en voix et musique le premier « talkie » (film parlant), et près de 2 000 courts métrages de la compagnie en quatre ans. Mais Sam s’est éteint la veille de cet avènement événement, et le deuil, avant le succès, enveloppe la sortie du Chanteur de jazz d’Alan Crosland (1927).

L’écrin Warner, contre toute attente, continue de briller dans l’exercice de son art et du danger : plutôt que de se contenter de mettre en valeur le cinéma parlant avec des comédies musicales ou des adaptations de pièces de théâtre, la Warner se consacre au genre policier, noir, ou social, dénonçant les erreurs judiciaires et le système carcéral (avec les acteurs Humphrey Bogart et James Cagney), dépeignant les chômeurs et la pauvreté de l’Amérique de la Grande Dépression (avec les réalisateurs Howard Hawks et Raoul Walsh). Le studio se distingue aussi avec un nouveau département animation, où Tex Avery, Bob Clampett, Chuck Jones et autres principaux évadés de Walt Disney participent aux mouvements de capitaux de la Warner grâce aux séries de cartoons Looney Tunes (Bugs Bunny, Porky Pig, Daffy Duck) puis Merrie Melodies.

Dès 1935, le cinéma d’aventures leur offre une étoile d’Hollywood en la personne d’Errol Flynn, premier rôle de Capitaine Blood, La Charge de la Brigade Légère ou encore Les Aventures de Robin des Bois, tous signés Michael Curtiz et devenus des classiques. Des fictions d’aventures à l’Histoire, il n’y a qu’un petit pas franchi par des monuments du cinéma dont les figures de la Warner doivent souvent répondre : de Les Aveux d’un espion nazi d’Anatole Litvak (1939), qui attaque les actions pro-nazies américaines, à Mission to Moscow de Michael Curtiz (1943), conviction pro-soviétique du pays, en passant par Sabotage à Berlin et Casablanca (respectivement Raoul Walsh et Michael Curtiz, 1942). À la même période, d’autres films entrent aussi dans la mémoire des hommes : notamment Le Grand sommeil d’Howard Hawks (1946), et Le Trésor de la Sierra Madre (1948) qui valut à John Huston l’Oscar du meilleur réalisateur.

Changement d’époque et d’équipée : les foyers se sont installés devant le petit écran et sa grille de programmes. Pour faire face à la diffusion d’émissions de tous types (des soaps et des métrages, du sport et du théâtre, mais surtout des variétés et autres jeux richement dotés), la Warner diversifie les genres (« musicals », westerns), augmente sa liste d’ingénieux cinéastes (George Cukor, Elia Kazan, Nicholas Ray, John Ford), de nouveaux comédiens (James Dean, Paul Newman, Warren Beatty) et actrices (Doris Day, Jane Fonda, Grace Kelly), découvre, enfin, des savoir-faire inédits (Le Crime était presque parfait en relief, d’Alfred Hitchcock, 1954) tout en devinant les chefs-d’œuvre (La Fureur de vivre, en 1955, et La Prisonnière du désert, en 1956).

Puisque La Horde sauvage de Sam Peckinpah (1969) dompte encore un triomphe, le départ de Jack Warner, à la fin des années soixante, n’affaiblit pas son empire. La décennie passée a glorifié les duos : Bette Davis/Joan Crawford dans Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (Robert Aldrich, 1962), Audrey Hepburn/Rex Harrison dans My Fair Lady (George Cukor, 1964), Elizabeth Taylor/Richard Burton dans Qui a peur de Virginia Woolf ? (Mike Nichols, 1966), Faye Dunaway/Warren Beatty dans Bonnie and Clyde (Arthur Penn, 1967), et laisse finalement deux frères à la tête de Warner.
Le vent d’Hollywood a changé, les studios bouleversent donc leurs plans et s’adaptent à cette nouvelle ère : du documentaire Woodstock (Michael Wadleigh, 1970) à la science-fiction de THX 1138 (premier long du surdoué George Lucas, 1971), de la censure anglaise d’Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971) à la Palme d’Or de L’Épouvantail (Jerry Schatzberg, 1973), de l’horreur de L’Exorciste (William Friedkin, 1973) au politique Les Hommes du Président (Alan J. Pakula, 1976), du film catastrophe La Tour infernale (John Guillermin et Irwin Allen, 1974) au super-héros Superman (Richard Donner, 1978), la Warner est, à l’instar de ses fabricants d’images, visionnaire. Clint Eastwood, Mel Brooks, Jack Nicholson, John Boorman, Martin Scorsese, mais aussi Federico Fellini, François Truffaut et Luchino Visconti – parce qu’on décide de produire ou distribuer en Europe –, tous bousculent avec succès les habitudes et les regrets d’un âge d’or révolu, s’en font même les dignes ou rudes successeurs, tandis qu’on assiste à la création d’une filiale vidéo et à la multiplication des activités (édition de livres, industrie du disque, télévision) de Warner Communication.

Les années 1980 parlent encore de mutations cinématographique et économique avec, pour meilleurs étendards d’une révolution du grand spectacle, Blade Runner de Ridley Scott (1982), L’Étoffe des héros de Philip Kaufman (1983), Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984) ou L’Arme fatale de Richard Donner (1987), auquel les producteurs donneront trois suites. C’est justement le « serial » qui, depuis bientôt vingt ans, permet à la Warner de toujours se hisser dans les premières places du box-office planétaire : les épisodes de Matrix, l’évolution de personnages comme Danny Ocean, et surtout Batman et Harry Potter, dont les opus battent des records, continuent d’écrire aujourd’hui la légende des studios aux initiales gravées en lettres d’or.


WARNER BROS., 85 ANS (1923-2008), COFFRET 85 DVD EN ÉDITION COLLECTOR LIMITÉE ET NUMÉROTÉE

Mickaël Pagano, 2008

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