Sélectionner une page

LE DIAMANT
LUXE

Diamants éternels

Un brillant gemmologue, sorti de chez Cartier, retrace le parcours accidenté du diamant jusqu’à ce qu’il trouve sa pureté au doigt d’une dame.

Discotexte : D’où viennent les diamants ?
Les diamants que l’on trouve en surface de la Terre proviennent en fait de ses entrailles. Tout résulte d’une alchimie complexe qui se déroule dans les volcans, à 150 ou 200 kilomètres de profondeur, sous d’incroyables conditions de pression et de température permettant au carbone de se cristalliser. Le plus incroyable, c’est que pour rester un diamant et ne pas retourner à l’état de carbone, ceux qui sont formés sont pris dans les laves volcaniques qui les remontent vers la surface à très grande vitesse. C’est ainsi qu’on les trouve, pris dans une gangue de roche qu’il faut broyer pour extraire cette pierre de lumière. Mais tous les volcans ne produisent pas de diamants. Cela fait partie du mystère ! Le diamant est un accident de la nature ou, si vous voulez, un petit miracle à lui tout seul.

Où trouve-t-on les plus beaux diamants ?
Parler des plus beaux, c’est relatif : c’est affaire de goût et d’appréciation ! Traditionnellement, on parle de ceux des mines de Golconde en Inde, seule provenance connue pour ces pierres jusqu’au XVIIIe siècle. La découverte de gisements en Afrique du Sud en 1867 a marqué l’essor moderne de l’industrie du diamant : c’est là que fut découvert le plus gros diamant brut connu, le Cullinan, qui, une fois taillé, a donné naissance a cent cinq diamants aujourd’hui exposés au Trésor de la couronne d’Angleterre. Le cercle des pays possédant des gisements est très étendu : il y en a plus de vingt, dont le Congo, le Botswana, le Venezuela, la Guinée, la Russie, la Chine, l’Australie, le Canada… La France ne dispose pas de réserves diamantifères, si ce n’est en Guyane : mais il n’y a pas à proprement parler de production établie.

Comment se déroule l’extraction ; qui s’en charge ?
Il faut distinguer l’exploitation industrielle de l’extraction artisanale, une pratique individuelle existant encore en Afrique, en Amérique Latine : beaucoup y trouvent un moyen de subsistance. Mais c’est un métier dangereux : le diamant suscite la convoitise ! On craint d’ailleurs que les diamants soient la solution d’enrichissement de groupes armés qui fomentent des guerres dans ces régions reculées. C’est pour faire face à cette situation, que le 05 novembre 2002, des représentants de cinquante-deux pays, producteurs ou commerçants de diamants, se sont engagés à appliquer un système de strict contrôle de ceux qui proviennent de zones de guerre. À compter du 1er janvier 2003, les douanes pourront identifier clairement l’origine des pierres, grâce notamment à un certificat d’origine qui devra accompagner tout colis de diamants bruts exportés.

Les diamants sont-ils expertisés sur place ou gagnent-ils immédiatement les pays des « acheteurs » ?
Ils sont triés sur le lieu d’extraction. Les diamants de qualité gemme partent majoritairement pour Anvers, en Belgique, capitale mondiale du négoce du diamant – avec quatre bourses diamantaires dans la ville, elle est devant New York, Bombay et Tel Aviv – et lieu de taille réputé pour les belles pierres. Saviez-vous que l’on taille un diamant avec du diamant ? C’est le seul matériau assez solide pour ce travail d’art ! Mais la technique moderne de la taille au laser, coûteuse à mettre en œuvre, est de plus en plus utilisée : le résultat est sensationnel !

Quelles sont les différences entre un diamant brut et celui qui brille au doigt d’une femme ?
Il y en a structurellement aucune : c’est toujours un diamant. En fait, un brut a souvent la forme de deux pyramides jointes par leur base, du fait de l’érosion. Après taille, il paraît sous des formes variées. La plus connue est « la taille brillant ronde à 57 facettes » : une forme quasi-parfaite puisqu’elle permet une réflexion optimale de la lumière par le jeu des facettes – d’où l’expression « briller de tous ses feux » !

Le diamant a-t-il une autre destinée que la parure ?
Une large part de la production mondiale est destinée à l’industrie pour des usages les plus divers : instruments de chirurgie médicale, scies, tunneliers. Car le diamant possède des propriétés étonnantes ! Chimiquement, c’est du carbone aussi pur que celui d’une mine de crayon ; il est cependant le matériau le plus dur que l’on connaisse, inattaquable par les acides les plus forts, ne craignant que le feu – mais dans des conditions de très haute température, comme l’incendie d’une maison, pendant lequel il peut se volatiliser en gaz carbonique !

D’après vous, « Diamonds Are a Girl’s Best Friend » comme le reprenait Marilyn Monroe [dans Les Hommes préfèrent les blondes, de Howard Hawks (1953), ndlr], ou sont-ils plus souvent un ennemi maléfique ?
Un peu des deux… Par exemple, dans la fameuse histoire du collier de la Reine, dans laquelle on attribua à Marie-Antoinette la commande frauduleuse d’une rivière de cent sept diamants : la dame, qui aimait les belles choses et certainement les diamants, a dû avoir affaire cette fois-ci à un ennemi maléfique… En fait, nous savons qu’il s’agissait d’une cabale destinée à jeter le discrédit sur sa personne. Les histoires de diamants célèbres et des personnalités sont souvent auréolées de légendes…

Mickaël Pagano, 2002

Catégories

Retrouvez-nous sur Facebook et Vimeo